L’Union africaine (UA) a appelé vendredi au déploiement d’une force de police internationale au Burundi en conclusion d’un rapport sur les violations des droits de l’homme dans ce pays depuis le début de la crise il y a plus d’un an.
“En plus d’augmenter le nombre d’observateurs militaires et des droits de l’homme de l’Union africaine (au Burundi), le déploiement d’une force de police internationale est nécessaire”, écrivent les experts de l’UA.
Fin 2015, l’UA avait préconisé le déploiement d’une force militaire d’interposition de 5.000 hommes pour enrayer le cycle des violences mais le projet avait finalement été abandonné devant l’opposition catégorique de Bujumbura et les vives réticences de plusieurs chefs d’État africains.
Le rapport, réalisé par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, a été rendu public vendredi, après avoir été présenté à l’Union africaine plus tôt ce mois-ci.
Une force de police internationale, affirment les experts, permettrait de renforcer la sécurité et d’assurer “la protection des habitants dans les zones les plus touchées par les violences”. Un projet similaire est actuellement à l’étude aux Nations unies.
Le Burundi a plongé dans une grave crise politique émaillée de violences lorsque le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième mandat avant d’être réélu en juillet.
Ces violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 Burundais à l’exil. L’ONU, qui a répertorié au moins 345 cas de torture et mauvais traitements depuis le début de l’année, a également dénoncé des cas d’exécutions extrajudiciaires ou de disparitions forcées.
Les experts de l’UA ont également appelé “à la réouverture des différentes radios indépendantes qui ont été arbitrairement fermées” en mai 2015 et à “réviser l’interdiction collective de dix organisations de la société civile qui jouent un rôle clé dans la promotion et la défense des droits de l’homme”.
Le rapport de 58 pages a été réalisé à la suite d’une mission d’une semaine au Burundi en décembre 2015, une période où les enquêteurs ont été limités dans leur mouvements en raison d’une “explosion de combats intenses”.
“La conséquence principale de ces limitations, c’est que la délégation n’a pas pu établir l’identité exacte des auteurs des violations des droits de l’homme”, ont concédé les rédacteurs du rapport.
Un dialogue de sortie de crise pour le Burundi, au point mort depuis plusieurs mois, doit reprendre samedi à Arusha (nord de la Tanzanie) mais la principale coalition d’opposition n’y a pas été invitée en que telle, laissant peu d’espoir à une percée diplomatique.