Disparition de Papa Wemba, emblème de la musique africaine

Disparition de Papa Wemba, emblème de la musique africaine

Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, connu sous le nom de Papa Wemba, a dit définitivement adieu à la scène ce dimanche 24 avril. Le musicien congolais (RDC) avait été victime d’un malaise lors d’un concert en Côte d’Ivoire samedi. Ce sont les organisateurs du FEMUA, le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo, qui ont annoncé son décès ce dimanche matin. Papa Wemba était âgé de 66 ans. L’émotion est énorme en Afrique centrale et ailleurs.

Papa Wemba a été victime d’un malaise lors d’un concert à Abidjan, samedi 23 avril, dans le cadre du Femua 2016, le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo. Il est décédé à son arrivée à l’hôpital d’Abidjan au petit matin, Sa mort a été annoncée à la mi-journée par les organisateurs du Femua.

Un malaise sur scène

Grandes émotion et tristesse à Abidjan aujourd’hui, rapporte notre envoyé spécial, Olivier Rogez. Le musicien, qui clôturait la soiré, était sur scène vers 5 heures du matin. Il faisait une chaleur intense et Papa Wemba présentait des signes de fébrilité. Il a demandé à plusieurs reprises d’augmenter le volume sonore, pourtant déjà très conséquent. A la quatrième chanson, le musicien s’est écroulé devant ses musiciens.

Papa Wemba est sorti de scène conscient, quoique très affecté. Il a été pris en charge par des équipes de secours, rapporte Olivier Rogez, et transféré vers l’hôpital le plus proche mais le musicien n’a pas survécu. « Tant que je pourrai chanter, je chanterai », disait il y a encore quelques jours le chanteur, témoigne Claudy Siar, depuis Abidjan où il suit également le Femua pour RFI.

Sur un air de rumba 

Né en 1949 juin dans le Kasaï-Oriental (RDC), Papa Wemba est un musicien charnière pour le continent africain. Dans les années 1950, la rumba congolaise dominait le continent et si elle est toujours aussi présente sur la scène africaine, c’est notamment grâce à Papa Wemba qui avec le groupe Zaïko Langa Langa a dépoussiéré une rumba un peu languissante, notamment en l’électrisant. Papa Wemba se revendiquait aussi de la musique anglosaxonne, lui qui se faisait appeler Jules Presley au début de sa carrière musicale, rappelle Claudy Siar. Il s’est essayé aussi au soukouss, au ndomgolo jusqu’à la «world music» avant de revenir à la rumba dans son dernier album.

Le musicien était le fondateur du label et du groupe Viva la Musica, en 1977, et on lui doit les tubes Analengo, en 1980, son premier succès panafricain, et plus tard Maria Valenciaou encore Yolele, emblèmes de la «world music». C’est le coup de pouce du musicien Peter Gabriel qui le fait mondialement connaître. Papa Wemba est le deuxième musicien africain, après Tabu Ley Rochereau -un autre Congolais-, à signer avec le fameux label Real World fondé par le Britannique qui lui propose d’ailleurs de faire les premières parties de ses concerts.

On lui doit également l’essor de la SAPE, la Société des ambianceurs et personnes élégantes, dont il fut l’une des figures. Ce mouvement, né au Congo-Brazzaville au moment des Indépendances, a pris son envol grâce à la diaspora zaïro-congolaise en Europe, notamment en France et en Belgique. C’est d’abord une mode vestimentaire mais aussi un art de vivre dont sa chanson Matebu est devenue l’emblème.

Artiste touche-à-tout, Papa Wemba s’est aussi essayé au cinéma. Le musicien, qui vient de s’installer en France, joue au milieu des années 1980 dans le film franco-zaïrois La vie est belle –dédié aux habitants de Kinshasa-, où il tient le rôle principal et dont il compose la musique.