Exécutions extrajudiciaires: le Niger “indigné” par les accusations de l’ONU, prêt à une enquête

Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, au sommet l'Union africaine à Nouakchott, le 2 juillet 2018 | POOL/AFP/Archives | Ludovic MARIN

Le Niger s’est déclaré “indigné” par les accusations de l’ONU concernant des éxécutions extrajudiciaires de civils par son armée au Mali et est prêt à accepter une “enquête internationale”, selon un courrier du gouvernement nigérien adressé à l’ONU.

“Ces accusations d’une gravité extrême pour notre pays, reconnu au plan international pour son attachement au respect des droits de l’homme, suscite de notre part indignation et rejet”, indique ce courrier du ministre nigérien des Affaires étrangères, Kalla Ankourao, adressé le 28 mai au secrétaire général de l’ONU.

“Au regard de ces allégations infondées et regrettables”, le Niger est “disposé à l’envoi d’une mission d’enquête internationale” afin de “mener des investigations sérieuses pour rétablir la réalité des faits”, ajoute le texte.

Début avril, la mission de l’ONU au Mali (Minusma) a dénoncé la “multiplication” des méfaits imputés aux armées nationales au Sahel. L’ONU avait dénombré 101 exécutions extrajudiciaires par l’armée malienne entre janvier et mars, et une trentaine d’autres par l’armée nigérienne sur le sol malien.

“Sur la période concernée (23-24 février et 4-5 mars 2020), les Forces armées nigériennes (FAN) n’ont effectué aucune opération seules, en dehors du territoire (nigérien)”, affirme le courrier.

Pour le Niger, ces accusations sont une “campagne savamment orchestrée par certains soutiens cachés et insoupçonnés du terrorisme” destinée à “casser l’élan des armées nigériennes” et “donner du répit au groupes armés terroristes”.

Le Niger fait face depuis des années dans l’ouest, à ses frontières avec le Mali et le Burkina, aux attaques récurrentes des groupes jihadistes sahéliens et dans le sud-est aux exactions meurtrières du groupe jihadiste nigérian Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), issu d’une scission de Boko Haram.

Par ailleurs, Human Rights Watch a dénoncé vendredi l’exécution sommaire par des militaires nigériens de deux membres présumés de Boko Haram en mai, dans le sud-est du Niger, après une enquête sur des images qui ont circulé en mai sur les réseaux sociaux, montrant deux hommes à terre, écrasés par des blindés.

HRW avait précisé que “le gouvernement nigérien a confirmé l’incident”, qui s’est produit “lors d’une opération militaire contre Boko Haram le 11 mai 2020, au sud de Diffa, dans le sud-est du Niger”.

Les violences jihadistes, mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent toute cette partie du Sahel ont fait au total en 2019 quelque 4.000 morts au Mali, au Burkina Faso et au Niger, selon l’ONU.

Source: AFP