Explusions, chômage: Trump veut signer un décret si aucun accord n’est trouvé

Donald Trump dit envisager un
Donald Trump a signé une série de décrets le 24 janvier 2017 à Washington DC ouvrant la voie à la construction d'un oléoduc controversé porté par la compagnie Energy Transfer Partners dans le Dakota du Nord, ainsi que celui de Keystone XL. | AFP | NICHOLAS KAMM

La Maison Blanche et le Congrès ne parvenaient toujours pas jeudi à trouver un accord sur un nouveau plan d’aide, notamment pour les millions d’Américains menacés d’expulsion et frappés par le chômage, et Donald Trump a affirmé qu’il agirait par décret. 

Par Julie CHABANAS

“J’ai signifié à mon équipe qu’elle continue de travailler sur un décret concernant des coupes dans les charges salariales, la protection contre les expulsions, des prolongements de (l’allocation, ndlr) chômage et le remboursement des dettes étudiantes”, a tweeté jeudi le président américain.

Il a affirmé qu’il pourrait signer ce décret vendredi après-midi ou samedi matin.

La Maison Blanche et les élus du Sénat et de la Chambre des représentants, tentent depuis plus de deux semaines de se mettre d’accord sur une aide supplémentaire aux foyers et aux entreprises touchés par la crise.

Mais les discussions sont tendues, à moins de trois mois de l’élection présidentielle.

Parmi les grands points de désaccord figure l’allocation chômage: les personnes qui ont perdu leur revenu touchent chaque semaine 600 dollars supplémentaire depuis le mois d’avril. La mesure a touché à sa fin le 31 juillet.

Or, pour certains républicains, ce montant généreux décourage les chômeurs de chercher un emploi et ils proposent donc de l’abaisser à 200 dollars. La Maison Blanche négocie une enveloppe plus élevée, d’environ 400 dollars mais les démocrates veulent maintenir 600 dollars.

Cette réduction “n’est pas seulement cruelle, c’est terrible pour l’économie”, selon Heidi Shierholz, de l’Economic policy institute, un centre ed réflexion progressiste, et ancienne cheffe économiste du département du Travail sous Barack Obama.

Ceux “qui ont perdu leur emploi pendant une pandémie mondiale sont désormais obligés de se débrouiller avec environ 40% de leurs revenus précédents”, et les 600 dollars permettent aux chômeurs de continuer à consommer et donc, aux entreprises de ne pas couler, cela “soutient 3,4 millions d’emplois”, relève-t-elle.

– Baisse des nouveaux chômeurs –

Les inscriptions au chômage ont recommencer à baisser, avec 1,19 million d’Américains qui se sont inscrits au chômage entre le 26 juillet et le 1er août, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Alors que les nouvelles demandes baissent chaque semaine depuis le record historique de 6,6 millions de nouveaux chômeurs fin mars, elles avaient de nouveau grimpé pendant deux semaines fin juillet.

En effet, une large partie du pays a vu les cas de Covid-19 bondir, et dans de nombreux Etats comme la Californie, le Texas, la Floride, les restaurants qui avaient rouvert ont dû refermer leurs portes, les commerces également.

Cela a fortement ralenti les créations d’emplois dans le secteur privé en juillet: 167.000 emplois ont été créés, contre 2,4 millions le mois précédent, selon l’enquête de la firme de services aux entreprises ADP publiée mercredi.

Ces fermetures “à répétition (…) restent une menace pour le marché du travail, qui est déjà faible. La possibilité de licenciements qui pourraient devenir permanents est élevée”, souligne Rubeela Farooqi, de High Frequency Economics.

– “Gros chiffres” –

Le taux de chômage du mois de juillet sera annoncé vendredi. Les analystes tablent sur une baisse, à 10,5% contre 11,1% en juin.

Donald Trump a annoncé mercredi sur Fox News que cette publication contiendrait de “gros chiffres” sans préciser ce que cela pouvait signifier.

Près de 16 millions d’Américains touchent actuellement une indemnité chômage versée par chaque Etat, dont le montant et la durée sont variables.

Mais il faut également compter ceux qui ont perdu leurs revenus avec la crise mais ne peuvent pas toucher le chômage: travailleurs indépendants, allocataires en fin de droits, ou encore ceux dont la santé est plus fragile et qui craignent d’attraper le Covid-19, par exemple.

Aussi au total, 32 millions de personnes ont touché une aide mi-juillet, contre 1,7 million à la même époque l’an passé, selon les données également publiées jeudi.

Les Etats-Unis, de loin le pays le plus touché par le virus, peinent à contenir la pandémie, qui y a fait plus de 158.000 morts.

Source: AFP