L’opposition et la majorité commentaient mercredi les propos jugés critiques envers la gestion de la République démocratique du Congo tenus la veille par un responsable protestant lors d’un culte à la mémoire de l’ex-président Laurent-Désiré Kabila, devant des proches de son fils et actuel chef de l’Etat.
“J’ai l’impression que l’Etat n’existe pas vraiment”, a déclaré mardi le révérend David Ekofo à l’occasion du 17e anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, devant la femme de l’actuel président Joseph Kabila et les plus hautes instances de l’Etat.
“Nous devons léguer à nos enfants un pays où l’Etat est réel, où tout le monde est égal devant la loi, que vous soyez général, ministre, où qui que ce soit”, a poursuivi le responsable de la cathédrale du Centenaire protestant à Kinshasa, devant le Premier ministre et les présidents des deux chambres.
Présentée comme le plus grand lieu de culte au Congo, cet édifice appartient à l’Eglise du Christ au Congo, qui regroupe des dizaines d’Eglises protestantes et évangéliques.
“Dieu lui-même ne comprend pas pourquoi nous les Congolais nous sommes pauvres. D’autres pays ne vivent que d’une seule richesse, tourisme, pétrole banque. Nous Dieu nous a tout donné (…) C’est un péché pour le Congo d’être encore pauvre”, a-t-il continué, dénonçant l’importation de nourriture et l’absence de routes.
Ce discours a été écouté en silence dans la cathédrale du Centenaire protestant, avec des applaudissements lors des passages faisant vibrer la fibre nationaliste: “Le Congo nous appartient, il n’appartient pas aux Américains ni aux Français ni aux Belges”. “Surtout ne prenez pas un centimètre de la RDC. Le Congo ne sera pas toujours faible. Il va se réveiller un jour”.
Ce discours a fait la joie des opposants. “Approbation totale de l’exhortation du révérend David Ekofo (…). Les médiocres doivent dégager pour bâtir un Etat de droit, un pays riche”, a tweeté le député d’opposition Martin Fayulu.
Il faisait allusion à la déclaration fracassante d’un autre responsable religieux congolais, le cardinal et évêque catholique de Kinshasa Laurent Monsengwo, qui avait souhaité que “les médiocres dégagent” après la dispersion d’une marche des catholiques pour l’alternance le 31 décembre dernier.
“Je crois que l’interpellation du pasteur ne concerne pas que la classe dirigeante. Ça concerne tout le monde, y compris la convoitise extérieure”, a pour sa part réagi un cadre du parti présidentiel PPRD, Henri Mova.
Le deuxième et dernier mandat du président Kabila a pris fin le 20 décembre 2016. Des élections sont prévues le 23 décembre 2018. Des catholiques veulent organiser de nouveau une marche dimanche pour demander au président Kabila de dire publiquement qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat.
Source: AFP