Les Nations Unies ont honoré ce vendredi 24 Mai 2019 un soldat de la paix du Malawi mort dans un acte de bravoure lors d’une opération de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) en novembre dernier. L’organisation lui a décerné à titre posthume la médaille Mbaye Diagne.
24 mai 2019 – Novembre 2018, les groupes armés terrorisent l’Est du Congo Kinshasa et perturbent la riposte face au virus Ebola. La force de la mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) est sur place pour protéger les civils congolais. Chancy Chitete, Casque bleu malawite, fait partie des soldats de la paix engagés dans la zone.
Au cours d’une opération contre les rebelles de l’Alliance des Forces démocratiques (ADF), le caporal tanzanien Ali Khamis Omary est gravement blessé. Il est à la merci des attaquants. Alors que les affrontements se poursuivent, Chancy Chitete décide de porter secours à son camarade et de le mettre à l’abri. Il est en train de fournir les premiers soins au blessé quand il est touché par un tir ennemi et décède sur le coup. Le caporal Ali Khamis Omary a survécu et, de son lit d’hôpital, a rendu hommage à l’homme qui lui a sauvé la vie au péril de la sienne.
« Les actions remarquables du soldat Chitete ont permis de protéger de nombreuses vies, tant civiles que militaires », a déclaré le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix. « Son sacrifice souligne les dangers auxquels nos soldats de la paix sont confrontés chaque jour lors de l’exécution de leurs tâches vitales de protection dans certains des environnements les plus difficiles du monde ».
Le 24 mai, à quelques jours de la Journée internationale des Casques bleus, le soldat Chitete, recevra la Médaille du capitaine Mbaye Diagne pour un courage exceptionnel à titre posthume. La décoration sera remise par le Secrétaire général de l’ONU en personne à sa famille.
C’est la première fois que cette récompense, créée en 2014 pour honorer les militaires, les policiers et les civils des Nations Unies ou du personnel associé qui ont fait preuve d’un courage exceptionnel face à un danger extrême, est attribuée.
Elle porte le nom d’un autre héros, le capitaine Mbaye Diagne, Casque bleu sénégalais qui a sauvé des centaines de vies durant le génocide au Rwanda en 1994, avant d’être tué.
Il y a vingt-cinq ans, le Rwanda était le théâtre de l’un des génocides le plus meurtriers du XXe siècle : près de 800 000 Tutsis ont été tués en 100 jours. Jeune officier sénégalais et observateur militaire de l’ONU au Rwanda, le capitaine Mbaye Diagne a agi à maintes reprises au péril de sa vie pour venir en aide aux victimes du génocide, allant même à l’encontre des directives de l’ONU. « Il s’en allait seul, puis revenait avec des dizaines de personnes qu’il avait arrachées à l’orgie sanguinaire des génocidaires » a dit de lui le général Roméo Dallaire, commandant en chef de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Il organisait alors leur évacuation vers le Kenya puis repartait en chercher d’autres. Au total, il a sauvé la vie de plus de 600 personnes.
Il s’apprêtait à rejoindre au Sénégal sa famille, sa femme et ses deux enfants. Quelques jours plus tard, un obus explose à côté de son véhicule et le tue. L’ONU se souvient de lui comme le plus courageux de ses soldats de la paix. Une cérémonie exceptionnelle avait eu lieu en 2016 pour remettre à la veuve du capitaine Mbaye Diagne et à ses enfants une médaille commémorative.
Chaque année, depuis 2008, plus de 100 militaires, policiers et civils au service du maintien de la paix, soldats de la paix, sont tués dans l’exercice de leur devoir.