L’opposant Lazarus Chakwera en route vers le palais présidentiel au Malawi

FILE - Lazarus Chakwera, leader of the Malawi Congress Party (MCP), the main Malawi opposition party, gives an interview to Agence France Presse (AFP) at his MCP headquarters in Lilongwe, Jan. 24, 2019.

Le chef de l’opposition malawite, Lazarus Chakwera, s’achemine vers une victoire dans la présidentielle rejouée mardi après l’annulation pour fraudes de l’élection de 2019. Le camp du chef de l’Etat sortant rejette déjà les résultats provisoires.

M. Chakwera obtient 60% des suffrages, contre 38% seulement pour son adversaire, Peter Mutharika, selon le comptage de la radiotélévision publique (MBC) portant sur l’ensemble des 5.002 centres de vote.

L’Institut pour l’opinion publique et la recherche (Ipor), un centre de réflexion basé au Malawi, donne lui aussi gagnant le chef de l’opposition, avec 60,3% des voix, contre 38,9% au président sortant.

Mais, jusqu’au jeudi soir, la Commission électorale (MEC) n’avait validé que les résultats de 338 des 5.002 centres de vote. Son nouveau président, Chifudo Kachale, a expliqué que la MEC vérifiait les procès-verbaux de chaque bureau de vote.

“Nous devrions conclure la tâche qui nous incombe dans les 36 à 48 heures”, a-t-il déclaré jeudi soir, assurant que la commission, au coeur de la controverse lors du scrutin l’an dernier, faisait son travail “aussi minutieusement que possible”.
 “Résultats pas légitimes” 

Le camp du président sortant a rejeté jeudi les premiers résultats non officiels.

“Si le Dr Chakwera avait gagné les élections de manière équitable, je l’aurais félicité. Mais malheureusement ce n’est pas le cas”, a réagi Atupele Muluzi, candidat à la vice-présidence sur le ticket de Peter Mutharika. “Les résultats des élections qui circulent ne sont pas légitimes et je ne les accepterai pas”, a-t-il prévenu sur sa page Facebook.

L’ancienne présidente du Malawi, Joyce Banda (2012-2014), qui soutient la candidature de Lazarus Chakwera, s’est dite “désolée pour ceux qui ne se rendent pas compte que les temps ont changé”. “En ignorant la voix des gens ordinaires, ils le font à leur propre péril”, a-t-elle ajouté dans une déclaration à l’AFP.

Réaction des pays voisins

Plusieurs opposants des pays voisins du Malawi, comme Mmusi Maimane en Afrique du Sud et Nelson Chamisa au Zimbabwe, ont déjà félicité, sur les réseaux sociaux, Lazarus Chakwera pour sa victoire.

Des ONG locales, qui avaient dépêché des observateurs dans tout le pays, ont estimé jeudi que “le processus électoral s’était bien passé jusqu’à présent”. Elles ont salué le travail de la MEC pour sa “transparence dans le décompte des voix, la compilation et l’affichage des résultats dans les endroits appropriés pour que le public les voit”.

Cela permet de “réduire les inquiétudes de fraudes”, ont-elles insisté; soulignant que les résultats jusque-là disponibles n’étaient “pas officiels et devaient être pris avec précaution”.

Selon les nouvelles règles en vigueur cette année, il faut désormais la majorité absolue des voix pour être élu au premier tour de la présidentielle. Dans le cas contraire, un second tour opposera les deux candidats arrivés en tête.

Deuxième élection présidentielle en un an

C’était pour la deuxième fois que les Malawites ont voté mardi en un an pour élire leur président.

Lors du scrutin disputé en mai 2019, la MEC avait proclamé la victoire de Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014, avec 38,57% des suffrages contre 35,41% à Lazarus Chakwera.

Mais saisie par l’opposition, la Cour constitutionnelle avait invalidé les résultats pour cause “d’irrégularités généralisées et systématiques” et ordonné la tenue d’un nouveau scrutin.

Le Malawi n’est que le deuxième pays d’Afrique subsaharienne à avoir annulé une élection présidentielle, après le Kenya en 2017.

AFP/Rédaction