Les Etats-Unis ont appelé lundi le Nigeria à enquêter sur les violations des droits de l’Homme dans le cadre de la lutte contre le groupe jihadiste Boko Haram, en promettant de nouvelles aides financières pour reconstruire le nord-est du pays après des années de guerre.
En visite à Abuja, le secrétaire d’Etat américain adjoint John Sullivan a déclaré que des enquêtes “transparentes et crédibles” et des poursuites étaient nécessaires pour permettre aux victimes du conflit de panser leurs blessures.
“Ceci est essentiel pour renforcer la confiance du peuple dans le gouvernement, améliorer les efforts de sécurité dans le nord-est” et inciter les Etats-Unis à coopérer davantage avec le Nigeria, a affirmé le haut responsable américain.
Les soldats nigérians ont été accusés à de nombreuses reprises d’abus sur des membres présumés de Boko Haram et sur des civils, notamment d’arrestations arbitraires, de torture et d’exécutions extra-judiciaires.
L’armée a toujours démenti mais les craintes suscitées par les divers scandales ont incité la communauté internationale à la prudence dans son soutien aux opérations de contre-insurrection.
Un contrat de 593 millions de dollars annoncé en 2016 par l’administration de l’ancien président américain Barack Obama pour la vente de 12 avions d’attaque au sol Super Tucano A-29 au Nigeria, avait été mis en suspens après un bombardement accidentel de civils par l’armée nigériane en janvier ayant fait 112 morts. Le département d’Etat a finalement approuvé la vente en août.
Washington soutient le Nigeria et d’autres armées de la région (Cameroun, Tchad, Niger, Bénin) contre Boko Haram, à travers notamment des opérations de surveillance par drone. Avec la France et la Grande-Bretagne, les Etats-Unis fournissent aussi un appui pour former et entraîner les troupes nigérianes.
Selon M. Sullivan, les Etats-Unis sont “déterminés à aider le peuple nigérian à assurer sa propre sécurité”, mais la puissance militaire seule ne suffit pas. Le Nigeria doit faire mieux notamment en terme de gouvernance, a-t-il dit.
Il a promis une nouvelle aide de 45,5 millions de dollars via l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) pour soutenir “les efforts de stabilisation et de redressement” menés pour aider les victimes des violences.
Au moins 20.000 personnes ont été tuées et plus de 2,6 millions déplacées depuis le début du conflit en 2009, tandis que des centaines de milliers de personnes souffrent de malnutrition due aux pénuries de nourriture chroniques dans le nord-est.
Les procès de centaines de membres présumés de Boko Haram ont démarré en octobre, mais les audiences se déroulent à huis clos dans des casernes militaire interdites à la presse et au grand public.