Nigeria: nouvelle attaque d’un important oléoduc dans le Delta

Nigeria: nouvelle attaque d'un important oléoduc dans le Delta
Des combattants du Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (MEND) patrouillent dans les ruisseaux de la rivière Bonny près de l'usine de GNL dans la riche région pétrolière du Delta du Niger, au Nigeria, 18 septembre 2008. epa/ GEORGE Esiri

Les Militants pour une justice sur les terres vertes du Delta (NDGJM), groupe armé nigérian relativement récent, a revendiqué mardi une nouvelle attaque d’oléoduc, dans l’Etat du Delta (Sud).

“Pour prouver notre détermination à réduire à néant l’économie pétrolière du Nigeria (…) nos forces ont anéanti l’oléoduc Afiesere-Iwhrenene à 01H00 du matin, le 13 septembre 2016”, a écrit le groupe dans un mail envoyé à la presse.

L’oléoduc, un canal d’acheminement dans le district d’Ughelli Nord, dans la région pétrolière du Delta, conduit à une station de pompage très importante exploitée par la compagnie des hydrocarbures nationale, NPDC.

Cette attaque intervient 9 jours après une menace lancée par le groupe (Niger Delta Greenland Justice Mandate), fondé un il y a un peu plus d’un mois, de faire exploser des points stratégiques d’acheminement du pétrole. Les NDGJM avaient ordonné aux habitants d’évacuer le district.

Affirmant que les “peuples du Delta” sont traités avec “dédain” par les autorités d’Abuja, le groupe rebelle refuse de négocier avec le gouvernement, qu’il surnomme “l’oppresseur”.

Emmanuel Shekaleke, ancien représentant d’une communauté locale a confirmé l’attaque mardi, affirmant que “comme la précédent sur l’oléoduc d’Ogor-Oteri (le 30 aout, ndlr) ils ont utilisé une scie à métaux pour transpercer le conduit sur plusieurs endroits”.

Il a ajouté “suspecter une conspiration”: “La compagnie (NPDC) avait juste repris ses activités lundi après une interruption de 2 mois (due à la précédente attaque) et payé les arriérés de salaires.”

Le Nigeria, qui tire 70% de ses revenus de l’extration du brut, est durement affecté par des nombreuses attaques sur ses installations pétrolières depuis le début de l’année et est entré en récession économique.

Les Vengeurs du Delta (NDA), qui ont commencé les hostilités en février et réduit fortement la production de pétrole, ont finalement annoncé qu’ils acceptaient de négocier avec le gouvernement le mois dernier, mais d’autres groupes ont émergé après cette annonce.

Mi-août, l’armée nigériane a lancé l’opération militaire “Sourire de Crocodile” près de la ville pétrolière de Warri, dans l’Etat du Delta, pour tenter de reprendre le contrôle de la région.

Un programme d’amnistie avait été signé en 2009 avec un premier groupe de militants (Mend) revendiquant une meilleure répartition de la manne pétrolière et était parvenu à réintroduire la paix dans le Delta du Niger en échange de grandes contreparties financières.

Mais l’annonce par le nouveau gouvernement de Muhammadu Buhari d’une fin de ce programme pour 2018 a coïncidé avec la résurgence des attaques en début d’année.

A cause des attaques, la production de pétrole a diminué de 21,5% par rapport à janvier, selon les chiffres de l’Opep pour juillet, et le Nigeria a perdu au profit de l’Angola sa place de premier exportateur de brut d’Afrique et souffre d’une grave pénurie de devises étrangères.

Source AFP