Parly au Mali avec des Européens, en pleine polémique sur des frappes

La ministre française des Armées, Florence Parly, (G) et son homologue allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, visitent la future base du G5 Sahel le 31 juillet 2017 à Niamey | AFP | BOUREIMA HAMA

La ministre française des Armées est arrivée mercredi au Mali avec ses homologues estonien et tchèque pour annoncer la pleine capacité de “Takuba”, unité de forces spéciales européennes censée former l’armée malienne au combat face aux jihadistes, a indiqué le ministère.

Florence Parly, Kalle Laanet et Lubomir Metnar rencontreront notamment jeudi le président de la transition Bah Ndaw et le ministre malien de la Défense Sadio Camara. Des entretiens qui interviendront au lendemain de la publication d’un rapport des Nations unies faisant état de la mort de 19 civils lors d’une frappe de la force française Barkhane, ce que Paris réfute avec vigueur.

“Les trois ministres acteront la pleine capacité opérationnelle de la task force Takuba, étape majeure pour ce regroupement inédit d’unités de forces spéciales européennes au Sahel”, a précisé un communiqué du ministère français des Armées. “Cette étape est majeure d’un point de vue tactique et opérationnel, il s’agit également d’un symbole fort”.

Outre les Tchèques et les Estoniens, des soldats suédois et italiens participent à l’opération, sur laquelle Paris compte beaucoup pour partager avec ses partenaires le fardeau de la lutte contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Les ministres se rendront ensuite auprès d’unités sur le terrain.

Mardi, une enquête de la Mission de l’Onu au Mali (Minusma) a conclu qu’une frappe aérienne conduite par Barkhane avait tué 19 civils au cours d’un mariage. Le rapport constitue la plus grave mise en cause d’une opération française par les Nations unies depuis le début de l’engagement de Paris au Sahel.

Le ministère a réfuté avec force ses conclusions, en maintenant que “le 3 janvier, les forces armées françaises (avaient) effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel” et non des civils, près de Bounti (centre). Le ministère a aussi émis “de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue” par les enquêteurs de l’Onu.

Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel, le président Emmanuel Macron avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire “dans l’immédiat” les effectifs de Barkhane, appelant d’abord à “décapiter” les groupes jihadistes. Mais les Etats africains peinent à convertir les succès militaires en progrès politiques.

Le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a estimé à cet égard lundi qu’un retrait partiel de Barkhane n’aurait pas “grand effet” sur le terrain si l’appui aérien demeure. “Cet échec relatif, c’est notre échec à tous, l’échec de l’ensemble de la coalition”, avait-il expliqué dans une interview sur France 24/RFI.