Sauf désistement et s’il y a vote, ils seront donc 13 candidats contre Ali Bongo à l’élection présidentielle du 27 août au Gabon. Face à des caciques néo-opposants, des poids plume politiques ou des inconnus, autant dire qu’un scenario à la congolaise est écrit d’avance : un Chef d’Etat qui veut reconduire son mandat coûte que coûte face à des opposants divisés et sans stratégie lisible.
Par Diophante Tomo
Le dossier de candidature d’Ali Bongo a été validé par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP), avec à sa tête le fidèle Aboghe-Ella. Avec cette validation, Ali Bongo est légalement et officiellement autorisé à se présenter à l’élection présidentielle, en dépit de la contestation de l’opposition et des milliers de plaintes de citoyens déposées à la CENAP. A l’inverse des 13 candidatures validées par consensus, celle du président sortant n’a été obtenue à l’issue d’un vote serré de cinq voix pour et trois contre, émanant des trois représentants de l’opposition à la CENAP. Ces derniers ont encore répété que des doutes subsistaient toujours sur l’acte de naissance d’Ali Bongo, qui ne démontre toujours pas de sa filiation avec ses parents présumés. Mais visiblement, cet argument ressassé n’a pas été entendu par la commission, car de l’aveu même de Paul-Marie Gondjout, le représentant du principal parti d’opposition, l’Union nationale, « nous avons eu des échanges houleux, des échanges dures, car la CENAP n’a pas voulu tenir compte des éléments que nous avons présentés ». Réponse claire d’Aboghe-Ella, « la commission a bien enregistré les contestations et jugé qu’elles n’étaient pas de nature à mettre en cause la validité de cette candidature »
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Il ne restait donc plus qu’à contester cette validation. C’est ce que quatre candidats et leaders de l’opposition ont bien évidement tenté de faire en se rendant personnellement à la CENAP déposer un recours dans les délais prévus. Mais à leur grande surprise, Jean Ping, Léon Paul Ngoulakia, Casimir Oye Mba, et Guy Nzouba Ndama ont trouvé portes closes, la CENAP ayant étrangement fermé ses bureaux toute la journée du 18 juillet. « Tout est mis en œuvre pour qu’on arrive à la forclusion », a déclaré un brin « amer » ce dernier, qui présente par ailleurs un portrait assez atypique, après avoir passé 19 ans à la tête de l’Assemblée nationale. Sans oublier qu’il est aussi l’un des architectes de la victoire d’Ali Bongo en 2009, avant de rejoindre soudainement l’opposition le 1er avril dernier.
Alors aujourd’hui, que reste-t-il à cette opposition pour atteindre l’objectif affiché et promis d’empêcher la candidature d’Ali Bongo ? En réalité pas grand-chose de nouveau si ce n’est encore et toujours dénoncer la fraude et user des moyens de recours légaux à leur disposition, tout en constatant bien que toutes ces portes leur sont et seront fermées, d’une manière ou d’une autre. Le système mis en place par le père Bongo et son parti le Parti démocratique gabonais (PDG), il y a un demi-siècle et que son fils perpétue en dépit des nombreuses démissions des compagnons de son père reste fidèle à lui-même : il a choisi son camp et roule à tout va pour lui.
Dernière réaction des opposants : mandater un huissier constater les blocages de la CENAP et vérifier les actes de naissance produits par Ali Bongo en 2009 et 2016. Car, Ali aurait apparemment poussé le pied de nez, jusqu’à joindre dans son dossier de candidature, le même acte de naissance de 2009, mais avec un numéro différent et des mentions différentes quant au nom du père.