L’Église catholique de République démocratique du Congo a menacé mardi de se retirer du “dialogue national” si ce forum politique tourne à des tractations pour un “mandat déguisé” au profit du président Joseph Kabila.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a rappelé dans un communiqué les conditions de sa participation à ces assises, qu’elle a aussi appelées de ses vœux pour sortir le pays de la crise : une participation la plus large possible des “grandes familles politiques” du pays et “le respect de la Constitution”, qui interdit à M. Kabila (au pouvoir depuis 2001) de se représenter.
“La Cenco ne pourra pas maintenir sa participation à ce dialogue si le respect de ces exigences fondamentales n’était plus assuré”.
Interrogé par l’AFP, l’abbé Donatien Shole, délégué de la Cenco au “dialogue”, a déclaré être “satisfait” des efforts pour rallier aux discussions certains membres du “Rassemblement”, la coalition récemment constituée autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi.
Néanmoins, a prévenu le prêtre, “si jamais ils se mettent à négocier ce qui pourrait ressembler à un mandat déguisé, nous quitterons le dialogue”.
Le “dialogue national” s’est ouvert le 1er septembre sous l’égide d’une facilitation de l’Union africaine (UA).Il est censé permettre à la RDC de sortir de la crise politique qui la ronge depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011, et favoriser l’organisation des élections en retard ou à venir, comme la présidentielle devant avoir lieu avant la fin de l’année mais qui apparaît aujourd’hui impossible à tenir dans les temps.
Une frange minoritaire de l’opposition a accepté d’y participer et les travaux n’ont pas véritablement commencé, les parties s’étant surtout employé jusque-là à se mettre d’accord sur le nombre de délégués. M. Tshisekedi boude ce forum, perçu par les réfractaires comme un “piège”, et conditionne sa participation à une série de préalables dont la libération de prisonniers politiques.
L’Église catholique, dont se réclament 40% des Congolais, a joué un rôle de premier plan dans le processus de démocratisation engagé en RDC au début de la décennie 1990. Son retrait du “dialogue national” risquerait d’entamer fortement la crédibilité de celui-ci.
Source: AFP