Des manifestants se sont réunis lundi dans la capitale nigériane d’Abuja pour demander le retour ou la démission du président Muhammadu Buhari, toujours à Londres depuis trois mois pour des raisons médicales.
Plusieurs dizaines de personnes, réunies par des associations de la société civile, ont bravé les fortes pluies et marché jusqu’à la villa présidentielle avec des pancartes pour demander au chef de l’Etat de rentrer assumer ses fonctions.
“Revenez ou démissionnez: trop c’est trop”, pouvait-on lire ou encore: “Si le président Buhari ne peut pas rentrer au Nigeria après 90 jours d’absence, il doit démissionner de ses fonctions”, “Buhari, où es-tu ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Les Nigérians veulent de la transparence.”
M. Buhari, 74 ans, s’est rendu dans la capitale britannique le 7 mai dernier pour suivre des examens médicaux, laissant le pouvoir entre les mains de son vice-président Yemi Osinbajo.
“Nous sommes ici aujourd’hui parce que notre président a abandonné son devoir”, a expliqué à l’AFP Deji Adeyanju, l’un des organisateurs.
“Non seulement il a disparu, mais en plus il continue à nous mentir. Cette année seulement, il été absent du pays pendant 144 jours”, ajoute-t-il.
En effet, le président nigérian s’était absenté une première fois en janvier avant de rentrer début mars. Il avait alors avoué “n’avoir jamais été aussi malade” et n’avait pas assisté à de nombreux conseils des ministres avant de repartir sans préalable début mai.
Selon Bako Andul Usman, de l’association Campagne pour la Démocratie, une poignée de personne profitent de l’absence prolongée de M. Buhari pour diriger eux-même le pays en sous-main.
Seule une photo a été publiée, fin juillet, où M. Buhari apparaît souriant au milieu d’une délégation de “gouverneurs et dirigeants” de son parti, le All Progressives Congress, venus lui rendre visite.
Le silence autour de la santé de M. Buhari suscite de nombreuses spéculations sur l’aptitude du président à gouverner et sur son éventuel successeur. Son entourage y répond par des avertissements cryptiques.
“Les hyènes et les chacals seront bientôt boutés hors du royaume”, a écrit la première dame du Nigeria, Aisha Buhari, rentrée la semaine dernière de Londres où elle était au chevet de son mari.
En 2010, l’ancien président Umaru Musa Yar’Adua, après des mois de traitement à l’étranger, était mort en exercice. Le pays avait connu une crise politique et M. Buhari – alors dans l’opposition – avait demandé des comptes à la présidence sur l’état de santé du dirigeant nigérian.
Source: AFP