L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, a exprimé mercredi sa “déception” et ses inquiétudes quant à la situation au Soudan du Sud, ravagé par une guerre civile, après avoir rencontré à Juba le président sud-soudanais Salva Kiir.
Mme Haley était arrivée plus tôt mercredi dans la capitale sud-soudanaise pour évoquer la situation humanitaire catastrophique dans ce pays, plongé depuis décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Il s’agit du premier voyage en Afrique de l’ambassadrice, qui a rang de ministre dans l’administration américaine.
“Nous sommes déçus par ce que nous voyons (…) Nous pensions avoir investi en faveur d’une société juste et libre où la population serait en sécurité, et le Soudan du Sud est tout l’opposé de ça”, a lancé la responsable américaine sur une radio locale, après avoir rencontré le président Kiir.
Les Etats-Unis ont investi onze milliards de dollars (neuf milliards d’euros) au Soudan du Sud durant la présidence de Salva Kiir.
“Mais nous n’allons pas abandonner le peuple sud-soudanais, nous sommes ici pour le défendre, nous sommes ici pour aider, pour faire tout ce qui est en notre possible pour que la paix et la sécurité deviennent une composante permanente du Soudan du Sud”, a-t-elle ajouté.
Le président Kiir n’a pas fait de commentaires à l’issue de cette rencontre.
Lors de ce voyage, la responsable américaine s’est rendue en début de semaine en Ethiopie et doit se rendre en République démocratique du Congo (RDC). Les violences ont redoublé ces derniers mois au Soudan du Sud et en RDC, en dépit d’une forte présence des Casques bleus. La mission de paix de l’ONU au Soudan du Sud compte quelque 14.000 Casques bleus.
Ce voyage de l’ambassadrice avait été annoncé en septembre par le président américain Donald Trump, “profondément préoccupé” par les “millions de vies en danger” dans ces deux pays.
Le mois dernier, Nikki Haley avait affirmé à l’ONU qu’une récente et nouvelle initiative de paix venue de pays de la région était “la dernière chance” pour les autorités sud-soudanaises d’en finir avec le conflit.
Deux ans et demi après son indépendance en juillet 2011, le Soudan du Sud a plongé dans une guerre civile qui a poussé environ 4 millions de personnes à fuir leur foyer et rendu près de la moitié des 12 millions d’habitants dépendants de l’aide alimentaire.
Cette nouvelle initiative de paix régionale est décrite comme un “forum de revitalisation” de l’accord de paix de 2015 initié par sept pays de la région sous la direction de l’Ethiopie. Ce groupe a récemment rencontré M. Kiir et, en Afrique du Sud, le dirigeant rebelle exilé Riek Machar.
La semaine dernière, l’organisation régionale Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) a annoncé avoir achevé une série de consultations avec nombre de parties prenantes et pourrait annoncer de nouveaux pourparlers.
Selon Brian Adeba, de l’ONG de prévention des conflits Enough Project, qui suit de près la situation, ces nouveaux efforts interviennent au moment où le gouvernement sud-soudanais est particulièrement “fermé à toute idée de paix”.
“Il (le gouvernement) pense qu’il a gagné la guerre; il a conquis de larges parties du territoire et l’opposition n’est pas en mesure de riposter”, a commenté auprès de l’AFP M. Adeba.