Tchad: selon l’UADT, “le régime ne compte désormais que ses jours”

Tchadaoubaye Migo Natolban, président de l'UADT

Créé le 23 décembre 2016, le mouvement citoyen: Unis pour une Alternance Démocratique au Tchad (UADT) mutiplie ses actions surtout au sein de la diaspora pour susciter un changement socio-politique et économique du pays. Le 17 mars 2017, les responsables du mouvement, essentiellement composé de jeunes cadres ont rencontré à Washington des autorités américaines au niveau du département d’Etat à qui, ils ont demandé de mettre la pression sur les autorités tchadiennes pour les amener à respecter les principes démocratiques. Le 3 mai, ils ont observé collectivement pour la première fois, un mouvement de grève de la faim pour non seulement réclamer la liberté d’expression au Tchad, mais aussi la libération sans conditons des prisonniers d’opinion. Ils n’entendent pas s’arrêter là, puisque déjà, ils se mobilisent pour rependre très prochainement cette grève de la faim à une ampleur plus grande que la précédente, selon M.Tchadaoubaye Migo Natolban, président de l’UADT reçu par Infostime. 

Propos recueillis par Irene Herman

INFOSTIME – Bonjour Monsieur Tchadaoubaye Migo Natolban, vous êtes le président du mouvement citoyen: Unis pour une alternance démocratique au Tchad, (UADT).  Le 3 mai 2017 lors de la journée de la liberté de presse, votre mouvement a suscité et tenu ensemble avec des membres notamment de la diaspora tchadienne, un grève de la faim pour réclamer la liberté d’expression dans votre pays.  Comment est ce que cette grève s’était-elle déroulée ?

Tchadaoubaye Migo Natolban- L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme interpelle les gouvernements à respecter et faire respecter le droit de liberté d’expression. Notre pays le Tchad a ratifié cette convention mais malheureusement, il ne la respecte pas du tout. Pourtant, la liberté d’expression est un droit fondamental pour une bonne gouvernance. Nous avons choisi cette date pour rappeler au régime actuel au Tchad d’arrêter son comportement barbare envers ses propres citoyens et aussi demander la libération de Nadjo Kaina Palmer, Bertrand Solloh, Mohayadine Babouri et bien d’autres qui sont illégalement incarcérés à cause qu’ils ont osé dénoncer la mauvaise gouvernance de Deby et son gouvernement mais aussi surtout qu’ils ont osé organisé une manifestation. Cette grève de la faim, nous la nommons “acte I” et elle s’est très bien passée. Nous l’avons observé individuellement pour annoncer “acte II” qui sera d’une grande envergure devant le bâtiment de l’ONU à New York puis devant la Maison Blanche à Washington, DC.

IT– Mais comment savoir que ceux qui adhèrent à vos revendications ont véritablement suivi le mouvement et n’ont pas mangé puisque visiblement, aucune stratégie de vérification n’a été mise en place ?

TMN-Nous faisons confiance à toutes ces personnes qui ont accepté d’adhérer à ce mouvement. Le but est avant tout, la volonté de découdre avec le régime dictatorial en place depuis plus de 27 ans. Cette volonté est partagée par bon nombre de gens, tant au niveau de la diaspora qu’à l’intérieur du pays. Je peux vous rassurer que le régime ne compte désormais que ses jours. L’État tchadien n’existe que de nom, la panique est maintenant dans le camp du régime de Deby.

IT- Les autorités Tchadiennes sont elles informées de votre engagement ? ont – elles réagi ?

TMN- Elles sont au courant de tout ce qui les dérange. La belle coincidence est celle qui rime avec notre journée de grève de faim et les policiers qui arrachent les téléphones intelligents des mains des populations. C’est du jamais vu. Mais c’est une triste réalité et, cela prouve à suffisance la panique du régime.

IT- Mais pensez vous qu’il ne serait pas plus efficace de parlez directement avec les autorités tchadiennes sur place à Ndjamena plutôt de que d’agir loin du pays. Et, pour quels résultats ?

TMN- Nous utilisons le système d’entonnoir à tel point qu’il n’ y aura qu’une seule sortie à un moment donné. Et là, les autorités tchadiennes n’auront plus d’autres choix que de faire de compromis. Elles seront obligées de mettre de l’eau dans leur vin. Étant loin du pays, nous avons cette chance de nous exprimer librement. C’est un luxe que ceux qui sont encore à l’intérieur du pays n’ont pas. Nous espérons arriver à libérer nos frères qui souffrent en prison dans des conditions inhumaines.

IT- Vous dites que l’UADT est un mouvement citoyen mais tout laisse à croire qu’il s’agit d’un parti politique. Comment réagissez-vous vous à cela ?

TMN- L’UADT n’est pas du tout un parti politique et nous n’avons pas l’intention de le devenir. Il est vrai que le nom à une connotation politique mais il n’en reste pas moins que nous menons une lutte pour corriger la fragmentation orchestrée par le régime MPS (Mouvement Patriotique du Salut) qui menace la cohésion sociale.