Le président malgache Andry Rajoelina a redit samedi soir préférer son remède à base de plantes pour lutter contre la pandémie de coronavirus dans l’île de l’Océan Indien. Il a cependant indiqué ne pas être pressé de vacciner sa population.
“Personnellement je ne suis pas encore vacciné et je n’ai pas l’intention de me vacciner”, a-t-il indiqué lors d’une déclaration télévisée.
C’est le Covid Organics, connu sous l’abréviation CVO, cette tisane “miracle” à base d’artemisia qui est désormais également produite sous forme de gélule, “qui va me protéger et protéger ma famille”, a-t-il affirmé.
Il a cependant assuré ne pas être absolument opposé à la vaccination: “Moi et l’Etat malgache ne sommes pas contre le vaccin”. Madagascar se trouve dans “une phase d’observation du vaccin, mais il y a trop d’effets secondaires” pour l’instant, a-t-il estimé, sans détailler lesquels.
Amnesty International a critiqué cette position dans la journée en dénonçant une atteinte aux droits des Malgaches de bénéficier des meilleurs soins possibles.
Alors que la plupart des pays se démènent pour obtenir des vaccins “validés par l’OMS”, le gouvernement malgache “recommande un traitement à base de plantes qu’il qualifie de +remède miracle+”, dénonce l’ONG dans un communiqué, alors qu'”aucun élément ne permet de penser” que le CVO “est efficace dans la prévention des infections au Covid-19”.
Amnesty affirme encore que l’absence de perspective sur l’obtention de vaccins plonge de nombreux Malgaches “dans le désespoir”, même si peu l’expriment “en raison du climat de peur instillé depuis un an, marqué par un durcissement de la répression des voix critiques”.
Le président Rajoelina a annoncé que son pays entrait dans une deuxième vague d’infections, en raison notamment de la présence du variant sud-africain.
Le dernier mois, 2.483 nouveaux cas de contamination et 45 décès ont été recensés, a dit le président, estimant que ces chiffres n’avaient “rien d’inquiétant”.
Madagascar avait procédé dès avril 2020 à une distribution gratuite en grande pompe de la tisane anti-Covid, interrompue à la levée du confinement en octobre.
Le président a promis de nouvelles distributions gratuites lundi dans les quartiers les plus touchés par la pandémie.
En un an, le pays a enregistré plus de 22.000 cas et 340 décès.
En octobre, le président avait affirmé, lors d’une visite d’usine: “On va faire connaître au monde entier les gélules produites à partir d’artemisia et de ravintsara, des plantes locales malgaches, dont les vertus sont reconnues mondialement”.
Au moins sept millions de Malgaches avaient alors déjà testé la tisane, selon lui, alors qu’à ce jour aucune étude scientifique n’a prouvé son efficacité.
Rédaction/Afp