Centrafrique: situation “sous contrôle” selon l’ONU, après une offensive rebelle

Combattants antibalaka en Centrafrique, Gambo, 16 août 2017. | AFP | ALEXIS HUGUET

La situation est “sous contrôle” en Centrafrique, a assuré dimanche soir à l’AFP le porte-parole de la force de l’ONU dans le pays après le début d’une offensive de rebelles, tandis qu’une coalition de l’opposition “exige le report des élections” du 27 décembre.

Vendredi soir, trois des plus puissants groupes armés qui occupent plus des deux-tiers du pays avaient commencé à progresser sur des axes routiers vitaux pour l’approvisionnement de la capitale Bangui. Ils avaient en outre annoncé leur fusion.

Dans la foulée, le gouvernement a accusé samedi l’ex-chef de l’Etat François Bozizé de “tentative de coup d’Etat” avec une “intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui” en cette période électorale. Les élections présidentielle, avec pour favori le président sortant Faustin Archange Touadéra, et législatives sont prévues dimanche prochain.

Le parti de François Bozizé a démenti dimanche toute tentative de coup d’Etat.

La France, la Russie, les Etats-Unis, l’Union européenne et la Banque mondiale ont appelé dimanche François Bozizé et les groupes armés à déposer les armes.

Ces pays et institutions partenaires de la Centrafrique, membres du G5+, “demandent que Bozizé et les groupes armés alliés déposent immédiatement les armes, s’abstiennent de toute action de déstabilisation et respectent la décision de la Сour constitutionnelle du 3 décembre 2020”, ont déclaré les signataires dans un communiqué commun publié dimanche.

Selon le porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), Vladimir Monteiro, les rebelles ont été bloqués ou repoussés dans plusieurs localités.

A Yaloké, à 220 km de Bangui, “les groupes armés ont quitté la ville”, a-t-il affirmé à l’AFP.

Les groupes armés ont également perdu du terrain dans deux autres localités et “la Force a envoyé des Casques bleus à Mbaïki, à 110 km au sud-ouest de Bangui, où il y a eu des affrontements samedi (…), pour bloquer des éléments armés”, a-t-il poursuivi, concluant: “la situation est sous contrôle”.

Mais des éléments des groupes armés sont toujours présents aux abords de Bossembélé et Bossemptélé, selon des sources sécuritaires et humanitaires.

Arguant dimanche du contexte sécuritaire, la Coalition de l’opposition démocratique (COD-2020), dont l’ancien président François Bozizé était le chef de file jusqu’à récemment, “exige le report des élections (…) jusqu’au rétablissement de la paix et de la sécurité”.

La coalition, qui regroupe les plus importants partis et mouvements de l’opposition au président sortant, réclame en outre “la convocation sans délai” des “forces vives de la Nation”.

Le président sortant a affirmé samedi que les élections se tiendraient bien: ces événements n’empêcheront pas le déroulement du scrutin car “l’Autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans les temps”, a-t-il dit lors d’un meeting électoral à Bangui.

– Combattants russes –

Des combattants de compagnies de sécurité privées russes sont entrés en action contre les rebelles à Mbaïki, selon des sources humanitaires et sécuritaires.

“Nos soldats sont en alerte générale, appuyés par la Minusca, la Fédération de Russie et le Rwanda pour sortir de cette crise”, a déclaré samedi Faustin Archange Touadéra face à ses partisans.

Dans un communiqué de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), qui regroupe trois des principaux groupes armés du pays, les rebelles ont admis dimanche “de nombreuses pertes en vies humaines et de nombreux blessés” dans leurs rangs.

L’ONU n’a de son côté communiqué aucun bilan.

Pour l’élection présidentielle du 27 décembre, François Bozizé avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle. Il faisait figure de principal concurrent au chef de l’État.

Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant qu’il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de “crimes de guerre” et de “crimes contre l’Humanité”.

La Centrafrique, un pays de 4,9 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres du monde mais riche en diamants et en bétail, a été ravagée par la guerre civile après qu’une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé François Bozizé en 2013.

Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, dans lequel les groupes armés se disputent le contrôle des ressources du pays, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles.