ODD: la société civile francophone au coeur de la stratégie du programme

Si la mise en oeuvre du programme de développement à l’horizon 2030 tente la mobilisation et l’implication de tous les acteurs de la société, beaucoup ne se sont pas encore engagés dans ce processus. Des inégalités persistent, non seulement en matière de richesses et de vulnérabilité, mais également en capacité d’action. Informer, impliquer les populations, rassembler les volontés, développer des capacités et encourager les innovations doivent être au coeur de l’action francophone.

Par Christian N’Galle

L’événement parallèle qui s’est tenu en marge du forum politique de haut niveau de 2017, par l’Organisation Internationale de la Francophonie, en collaboration avec le Gouvernement de Madagascar, sur le développement durable a permis aux participants d’échanger sur les stratégies novatrices déployées à ces fins.

Dirigeant le panel de la Table-ronde qui s’est tenue aux Nations Unies à New York le 19 juillet dernier sur les stratégies novatrices pour porter l’ambition du programme de développement durable à l’horizon 2030 au coeur des populations, le Très Honorable Jean Max Rakotomamonjy, Président de l’assemblée Nationale de Madagascar, a révélé que dans son pays, la société civile a toujours été associée dans tout référentiel de développement; ses représentants ont siègent dans des structures de plaidoyer. Et c’estaussi le cas pour la plateforme de la société civile ou encore de l’Union des femmes ou des syndicats. Il en a profité pour exhorter vivement les pays et organisations qui ont développé des outils qui répondent à ces défis à saisir cet espace pour témoigner de leurs expériences et de permettre d’échanger sur l’application et la répliquation de ces solutions.

Susan Alzner, la Chef de service de Liaison Non Gouvernemental des Nations Unies est ensuite intervenue pour témoigner du rôle que la société civile joue dans la mise en oeuvre des objectifs de développement durable.

Isabelle Pypaert Perrin et Danièle Sassou Nguesso ont ensuite pris la parole pour parler de leurs experiences respectives. Isabelle Pypaert Perrin, le Déléguée générale d’ATD Quart Monde a parlé de ce que fait son organization sur le terrain, en décrivant des cas spécifique d’appui à Madagascar, en RDC, en Suisse et RCA, tout en revenant sur l’idéologie de Joseph Razinsky, le fondateur d’ATD Quart Monde sur sa strtégie de lutte contre la pauvreté, pour décrire au mieux sa determination de ne maisser personne de côté.

Danièle Sassou Nguesso, avec sa multiple casquette de chef d’entreprise et son implication dans des activités caritatives, a fait mention du déploiement des structures qu’elle dirige et de l’accompagnement que procure le gouvernement congolais à la société civile, pour parvenir à l’autonomisation des femmes pour laquelle elle s’investit tant.

Il y a ensuite eu le regard d’un pays qui a très tôt compris l’intérêt d’agir avec la société civile en mettant en place une plateforme nationale de dialogue, il s’agit de la Suisse dont l’expérience a été présentée par Daniel Dubas, chef de la section développement durable au département fédéral de l’environnement et de l’énergie. Il a apporté un point de vue pratique de la mise en oeuvre du développement durable et de l’agenda 2030 au niveau du gouvernement Suisse, notamment de savoir comment on intègre les parties prenantes, sachant aujourd’hui  que cet agenda 2030 et les ODD sont encore relativement peu connus en Suisse – c’est une réalité – et le gouvernement federal y travaille en essayant d’intégrer le plus d’acteurs possibles en amont.

Jean-Pierre Ndoutoum le Directeur de l’IFDD a affirmé qu’en plus de son action au niveau stratégique avec des acteurs étatiques, l’IFDD a mis en place Objectif2030 qui est avant tout un contrat social pour construire un mouvement citoyen engagé et outillé.

Elle vise à atteindre des projets concrets, mesurables et chiffrés en matière de développement durable en soutenant et en créant des interliens entre les membres de la société civile.

Cette initiative est dédiée aux acteurs non étatiques et se déploie autour de trois composantes par le biais d’une plateforme numérique et participative.

La première de ces composantes est la formation. Elle consiste à former des milliers de citoyens grâce à un cours en ligne et massif.

Ce cours est animé par l’Université Senghor d’Alexandrie qui est également un opérateur de la Francophonie.

En 2017, ce cours a permis a permis à 2000 personnes de 99 pays à la compréhension et à l’analyse des enjeux et des actions liées au développement durable.

D’ici 2030, l’IFDD envisage une dizaine d’autres formations en ligne, de renforcement de compétences qui seront utiles et essentiels pour générer des projets de développement durable et des informations fiables sur ce sujet.

La seconde composante permet quant à elle de générer et de soutenir des actions et des solutions novatrices qui allient inclusion sociale, progrès économique et protection de la planète, et ce grâe à un outil de financement et d’appui technique.

Lors du premier appel à propositions, 215 projets ont été reçus, et 10% d’entre eux, en faveur d’environ 70 000 bénéficiaires provenant de 14 pays tirent actuellement avantage de l’outil, avec cinq projets entièrement financés.

La troisième composante dont cet événement parallèle faisait partie est axée sur le plaidoyer, la communication et la sensibilisation.

Le but est de réaliser des synergies en facilitant la réalisation et la mise à l’échelle des actions opérationnelles du développement durable, notamment par le partage d’études de cas et par le partage de bonnes pratiques.

-Engagement francophone-

Porter l’ambition du programme de développement durable au coeur des populations à l’horizon 2030

Le programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies fait état de la détermination des peuples à “mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre de ce Programme grâce à un Partenariat mondial revitalisé pour le développement durable, qui sera mû par un esprit de solidarité renforcé, où l’accent sera mis sur les besoins des plus démunis et des plus vulnérables, et auquel participeront tous les pays, toutes les parties prenantes et tous les peuples”.

Si les gouvernements sont aux commandes de la mise en œuvre du Programme et de ses ODD, la contribution de tous les secteurs de la société est vitale si nous voulons atteindre universellement les ODD à l’horizon 2030.

En effet, la faiblesse des capacités et la vulnérabilité grandissante des populations face aux mutations sociales, environnementales et économiques appellent une réponse forte de toutes les parties prenantes. Malheureusement, les acteurs concernés sont confrontés à une série de problèmes : capacités limitées, maîtrise insuffisante des mécanismes de financement, faible participation aux instances et processus internationaux due à une barrière linguistique, absence d’outils méthodologiques adaptés aux besoins et  information difficilement accessible.

A l’occasion de l’examen des revues nationales volontaires lors du Forum politique de haut niveau 2016, plateforme centrale de suivi et d’évaluation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de nombreux états ont ainsi reconnu que, si la mise en œuvre des ODD relevait de la responsabilité de la société dans son ensemble, l’ampleur et la profondeur du Programme en constituaient un défi. Pour beaucoup, les citoyens et parties prenantes n’ont actuellement pas les moyens d’accéder à l’information, de participer de manière significative ou encore de comprendre leur rôle dans le processus de développement.

L’un des enjeux de cette mise en œuvre sera donc de rassembler et mobiliser les acteurs non étatiques dans toute leur diversité, de porter l’ambition de ces objectifs au cœur des populations et de les rendre assez tangibles pour inciter toutes les parties prenantes à trouver des moyens d’y contribuer. Il s’agit ici d’inventer des façons de faire et de penser différentes afin de transformer durablement nos modèles de développement de manière inclusive. Espace de diversité, la Francophonie a une incroyable capacité d’innovation collective et l’IFDD s’engage aux côtés des populations pour l’appropriation et la mise en œuvre du développement durable.

Objectif2030

La plateforme de la Francophonie, pour susciter des projets en matière de développement durable

Le développement durable a bénéficié en 2015 d’un cadre stratégique universel adopté par les Nations Unies. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un plan d’action pour l’humanité, la planète, la paix et la prospérité. Décliné en une série de 17 objectifs de développement durable (ODD), il vise à mettre fin à la pauvreté et transformer nos vies tout en protégeant la planète pour les générations futures, sur la base d’un partenariat renouvelé entre tous les pays et les acteurs de la société. Le grand défi de ce Programme est maintenant de rassembler et de mobiliser ces acteurs dans toute leur richesse et leur diversité. Le développement durable se doit d’être une révolution sociétale porteuse d’humanisme.

L’initiative « Objectif 2030 » vise ainsi à favoriser des progrès concrets en matière de développement durable par la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Dédiée aux acteurs non étatiques, elle cherche à répondre à leur besoin d’informations et à soutenir des actions et solutions novatrices qui allient inclusion sociale, progrès économique et protection de la planète. Il s’agit ici de construire et renforcer un mouvement citoyen engagé qui traduise le Programme de développement durable à l’horizon 2030 en actions et solutions exemplaires et adaptées.

Articulée autour d’une plateforme numérique, l’initiative « Objectif 2030 », se décline en trois composantes :

• Un cours en ligne ouvert et massif (CLOM ou MOOC en anglais) pour former et sensibiliser les populations aux enjeux du développement durable. Animé par l’Université Senghor d’Alexandrie, ce cours donne aux apprenants la possibilité de comprendre et d’analyser les enjeux et actions du développement durable. A l’issu de cette formation, les participants disposent de compétences utiles afin  d’être aptes à générer des projets   de  développement durable et des informations fiables sur ce sujet.

• Un outil participatif de financement et d’appui technique qui soutient des solutions concrètes, simples et mesurables dédiées à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et crée des communautés de solutions autour d’elles. Les utilisateurs de la plateforme peuvent ensuite collaborer de plusieurs façons : don financier, mobilisation des ressources, bénévolat, partage d’informations et de bonnes pratiques … Seules les actions permettant d’obtenir des résultats concrets et rapides sont retenues.

• Un espace de présentation et de capitalisation des meilleurs projets pour favoriser les synergies facilitant leur réalisation. Il permet la diffusion d’études de cas et de reportages audiovisuels montrant les progrès de développement générés de façon participative.

Quelques chiffres en 2017

• Six modules pédagogiques déclinés en 30 vidéos sont accessibles en ligne

• 2600 étudiants issus de 99 pays ont suivi le cours du 1er au 31 mars 2017

• 21 projets concrets sur les 215 soumis sur la plate-forme bénéficient de l’outil participatif technique et financier

• Les 21 projets en ligne sont en faveur de 69 932 bénéficiaires provenant de 14 pays

• Six projets déjà entièrement financés sont en faveur de 8 508 bénéficiaires

• Deux partenariats confirmés en faveur de l’initiative (Université Senghor d’Alexandrie, RDEE Ontario)