XVIe Sommet de l’OIF: Madagascar a gagné le pari …..

XVIe Sommet de l'OIF: Madagascar gagne le pari .....

Le XVIème Sommet de la Francophonie d’Antananarivo s’est achevé dimanche 27 novembre 2016. En l’accueillant, Madagascar a osé un pari. En voulant prouver au monde que la Grande Île pouvait s’en sortir, elle a d’abord prouvé à elle-même que quand elle le veut, elle peut. Simultanément, faire venir plus de trois mille invités internationaux en l’espace de quelques semaines avec les infrastructures d’accueil afférentes. Préparer l’opinion publique. Calmer la scène politique. Avancer. Ne jamais reculer. Sans oublier que toutes les personnes de l’équipe d’organisation, du plus haut gradé jusqu’à celui qui forme la base, vivaient sûrement une première expérience.

Forcément, tout cela a forgé un mental qui s’est solidifié, qui s’est raffermi au fur et à mesure que la date butoir s’approchait. Le puzzle s’est formé dès l’ouverture du Village de la Francophonie. C’est à ce moment que la masse populaire a enfin manifesté son adhésion. « Ce sera une démonstration du savoir-faire malgache », a prédit la Secrétaire générale de la Francophonie à quelques jours de la date butoir.   Auparavant, le pays a déjà reçu de grands évènements sauf qu’ils étaient surtout consacrés au sport. Si Madagascar recevait un autre évènement d’envergure, le pays pourrait-il réveiller voire renforcer ce mental qu’il a acquis en organisant le XVIème Sommet de la Francophonie ? Serait-il capable de s’attaquer à des évènements de plus grande ampleur ? D’abord, les dirigeants ont apparemment fait confiance aux jeunes. La plupart de ces derniers expérimentaient une aventure internationale pour la première fois. Et quelle expérience, l’une des meilleures qui soit. Madagascar possède désormais un vivier de plus de 6 000 jeunes capables de revivre la même aventure. Ensuite, Madagascar a gagné la confiance des instances mondiales. L’autre défi est de la garder. La démonstration se situerait donc dans la capacité des malgaches à avancer contre vents et marées, à se rassembler au moment voulu et surtout à intégrer les jeunes. Les ingrédients de base par défaut. Applicable n’importe où et n’importe quand. Il ne faut pas oublier les mots du Président de la République de Madagascar envers l’équipe de l’OIF. Il a loué l’« abnégation de l’équipe de Michaëlle Jean dans les préparatifs et le déroulement de ce Sommet ». Mettant en lumière une logique à laquelle Madagascar a dû s’adapter, parfois se plier bien que nécessaire s’il veut réussir d’autres paris. Recevoir de l’« Autre », être capable de l’écouter et de se dire qu’on ne peut avancer qu’ensemble. Et Madagascar a prouvé qu’il en était capable.

Un changement en marche au sein de la Francophonie

Une continuité dans le changement. La tendance à la mutation opérée par la Francophonie devient de plus en plus forte et le Sommet d’Antananarivo confirme cette transformation. « Le champ d’action de l’OIF ( Organisation internationale de la Francophonie) a profondément changé en 40 ans. Il a très largement dépassé », soutient  Rudy Demotte,  Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles de l’ouverture du Sommet d’Antananarivo.

Le regard porté par Rudy Demotte résume le chemin parcouru par la Francophonie. Entre-temps, beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts. A la coopération, centrée sur les échanges touchant la culture et l’éducation s’ajoutent la politique, puis le développement durable ou encore l’économie, sans pour autant renier l’esprit initial de l’espace. Le tout, exécuté sous forme d’une Francophonie comme force de propositions et d’actions.

Le Sommet d’Antananarivo promet des actions concrètes pour mieux enraciner l’orientation. « Ce sont de grandes discussions, des échanges très profonds que nous avons eues (…) ça nous mènerait à des actions (…) On s’attend à des actions importantes, à des actions concrètes », brosse Hery Rajaonarimampianina, Président de la République, lors de la clôture du XVIème Sommet de la Francophonie à Antananarivo.

La « Stratégie économique pour la Francophonie » énoncée à Dakar en 2014 illustre le changement amorcé. La stratégie économique « entend renforcer l’espace économique francophone pour apporter des réponses aux interrogations que suscitent les défis économiques, sociaux, énergétiques et environnementaux ainsi que les déséquilibres croissants du système économique et financier mondial ».

Travailler pour les Jeunes et parles les Jeunes 

“L’attention portée aux jeunes et aux femmes témoigne l’ambition des dirigeants des pays membres de la Francophonie. Des projets issus de la stratégie économique mis en place ces dernières années comme celui des incubateurs entrent dans une autre phase. Après l’établissement d’un premier bilan, la Francophonie jette « un regard très précis sur la nécessité de renforcer le partenariat et de nous mobiliser autour de la création d’emplois avec le grand sentiment d’urgence (…) tout nous donne raison pour prioriser les initiatives économiques portées par les femmes et par les jeunes », détaille Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie.

Lancée dans cette idée, la Francophonie certifie l’approfondissement des actions menées.  Michaëlle Jean parle de la « professionnalisation des jeunes et des femmes ». Elle propose d’ « aider les femmes entrepreneurs et les jeunes entrepreneurs à sortir de l’informel et formaliser davantage leurs entreprises. Mettre en lien ces entreprises dans tout l’espace francophone,  identifier l’offre et la demande, les marchés et s’assurer que nous puissions rejoindre ces marchés mais avec une force de compétitivité plus grande ».

Les dirigeants des pays membres de la  Francophonie mettent ainsi l’accent sur la solidarité et l’économie.  Une Francophonie dont les membres «  représentaient 14% de la population mondiale, 14% du revenu national brut (RNB) mondial et 20% des échanges mondiaux de marchandises » en 2010 selon la Déclaration du Sommet de Dakar en 2014. « Nous sommes convaincus qu’il faut asseoir le développement économique pour asseoir la stabilité, la paix dans le monde », soutient le Président Hery Rajaonariampianina.

Le chef de l’Etat malgache prend exemple sur Madagascar pour donner un sens à l’ambition francophone. « Avec le Maroc (…) on a signé 22 accords cette semaine, avec la France on avait signé. Avec d’autres pays, nous sommes en négociations… » témoigne le chef d’Etat malgache.

Cette solidarité, l’espace francophone espère la consolider. Les dirigeants des pays membres de la Francophonie réunissent leur voix pour une meilleure concertation et une plus grande écoute dans les négociations internationales. « En unissant les efforts dans les enceintes multilatérales, nous pouvons influencer [les décisions] », soutient Rudy Demotte. Pour lui, la Francophonie « dispose de la masse critique (…) pour être un acteur majeur de ce nouveau monde ». Michaëlle Jean partage son souhait pour « davantage de coordination de nos actions et en ce qui concerne l’OIF » pour évoquer la question sécuritaire, avec en prime un renforcement de partenariat avec des institutions comme l’Union africaine, l’Union Européenne et les Nations unies.

La Francophonie ne délaisse pas pour autant d’autres sujets sensibles qui touchent des pays membres de l’organisation. Il s’agit, entre autres, de la sécurité, du changement climatique ou encore de la migration.

Le Premier ministre canadien relève la question migratoire comme étant une problématique dans le futur. Il insiste également sur les droits des femmes, un sujet capital à discuter pour qu’il n’y ait plus de tabou dans les échanges au sein de l’espace francophone. Vastes chantiers en perspective”.

OIF