La CPI condamne un Malien à 9 ans de prison pour des destructions de monuments historiques et religieux à Tombouctou

La CPI condamne un Malien à 9 ans de prison pour des destructions de monuments historiques et religieux à Tombouctou
Des résidents de Tombouctou passent devant la mosquée Djingareyber, l’une des structures architecturales historiques qui ont permis à Tombouctou d’obtenir la désignation de site du Patrimoine mondial par l’UNESCO. Photo ONU/Marco Dormino

La Cour pénale internationale (CPI) a condamné mardi à neuf ans de prison le Malien Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi pour son rôle dans la destruction de monuments historiques et religieux à Tombouctou, au Mali, lors du conflit qui a secoué ce pays en 2012 et 2013.

Cette décision a été aussitôt saluée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, les sciences et la culture (UNESCO) et par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Statuant à l’unanimité, une Chambre de première instance de la CPI a conclu, « au-delà de tout doute raisonnable », qu’Ahmad Al-Mahdi était « coupable, en tant que coauteur, du crime de guerre consistant à avoir dirigé intentionnellement des attaques contre des bâtiments à caractère religieux et historique » à Tombouctou en juin et juillet 2012, selon un communiqué de la CPI.

La Chambre a condamné Al-Mahdi à neuf ans d’emprisonnement. Le temps que celui-ci a passé en détention depuis son arrestation, en exécution du mandat d’arrêt délivré par la CPI le 18 septembre 2015, sera déduit de sa peine.

Le communiqué rappelle qu’à l’ouverture du procès le 22 août 2016, Al-Mahdi avait plaidé coupable du crime de guerre consistant à avoir attaqué 10 monuments à caractère religieux et historique à Tombouctou entre le 30 juin environ et le 11 juillet 2012. Il s’agissait de neuf mausolées inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et de la porte dite « secrète » de la mosquée Sidi Yahia.

Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, ressortissant du Mali, a été condamné à 9 ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle dans la destruction de monuments historiques et religieux à Tombouctou. Photo: ICC-CP
Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, ressortissant du Mali, a été condamné à 9 ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle dans la destruction de monuments historiques et religieux à Tombouctou. Photo: ICC-CP

A l’époque, Ahmad Al-Mahdi était consulté comme spécialiste des questions religieuses et était très actif dans l’administration mise sur pied localement par les groupes islamistes extrémistes Ansar Dine et Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui s’étaient emparés de la région nord du Mali.

La décision de la CPI « est une étape historique dans la reconnaissance de l’importance du patrimoine pour les communautés qui l’ont préservé au fil des siècles et, au-delà, pour l’humanité tout entière », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova.

« Cette décision historique, une première au titre du statut de Rome, est une étape capitale dans la lutte contre l’impunité des destructions du patrimoine culturel. (…) C’est une étape décisive de l’affirmation de la justice et un pas supplémentaire pour la paix et la réconciliation au Mali », a ajouté Mme Bokova. Le statut de Rome est le traité fondateur de la CPI.

Dans un communiqué, la MINUSMA a également salué le jugement de la CPI qui, a-t-elle dit, représente « un signal fort ». Ce jugement « constitue une avancée dans la lutte contre l’impunité » au Mali. « Toutefois, il importe que la justice pour d’autres crimes graves soit rendue afin que les nombreuses victimes puissent avoir droit à la vérité, à la justice et à la réparation », a-t-elle ajouté.