Les Britanniques fêtent les 70 ans de règne de leur reine bien aimée, une page d’histoire

Le prince Charles de Grande-Bretagne, prince de Galles, danse avec Bridget Tibbs lors d'un thé dansant organisé par la Prince's Foundation pour marquer le jubilé de platine de la reine, à Highgrove, près de Tetbury, dans l'ouest de l'Angleterre, le 31 mai 2022. (Photo by Ben Birchall / POOL / AFP)

Avec force fanfares et fêtes, les Britanniques célèbrent à partir de jeudi les 70 ans de règne de la reine Elizabeth, moment historique pour une monarque immensément populaire mais de plus en plus absente pour raisons de santé.

Par Brigitte DUSSEAU

Jamais aucun souverain britannique n’a régné aussi longtemps. Il est peu probable qu’un autre atteigne une telle longévité : Charles, le prince héritier a 73 ans, son fils William bientôt 40 ans.

La dimension historique et patriotique de ce jubilé de platine s’affiche à travers hommages, magazines commémoratifs, expositions, rétrospectives, émissions spéciales, concerts et concours en tout genre. Pour ce long week-end de quatre jours, les rues sont pavoisées, avec de grands portraits de la reine, les façades décorées, jusque dans les campagnes anglaises, et les marchés vendent souvenirs tricolores et vaisselle à son effigie.

– Balcon –

Les célébrations commenceront jeudi par la traditionnelle parade militaire annuelle du Salut aux couleurs, que la reine de 96 ans inspectait jadis à cheval, suivie d’un survol aérien par 70 appareils de la Royal Air Force.

La famille royale, limitée aux seuls membres qui ont des fonctions officielles et leurs enfants, doit alors apparaître au balcon de Buckingham Palace autour de la souveraine, un moment très attendu.

Car depuis six mois, sa santé inquiète les Britanniques : depuis une nuit à l’hôpital en octobre, elle a annulé quasiment toutes ses apparitions officielles, remplacée par le prince Charles, y compris pour le discours solennel du trône au Parlement le 10 mai.

Frêle, la souveraine, rentrée mardi à Windsor après quelques jours de repos dans son château écossais de Balmoral, a du mal à marcher et s’appuie sur une canne. La reine a cependant fait plusieurs apparitions surprise récemment, souriante et détendue, à un show équestre – elle est passionnée de chevaux -,  à l’inauguration de la nouvelle ligne de métro qui porte son nom, et la semaine dernière à la célèbre exposition horticole du Chelsea Flower Show à Londres, en voiturette électrique.

– “Dignité” –

“Nous étions extrêmement inquiets pour sa santé récemment, mais grâce au ciel elle a pris soin d’elle”, se réjouit Phyllis Losh, 79 ans. Cette habitante du village de Bidford-on-Avon (centre de l’Angleterre) se souvient avec émotion de son couronnement en 1953, quand son père avait spécialement acheté une petite télévision en noir en blanc.

“Elle fait tout avec tellement de dignité”, ajoute-t-elle.

Vendredi, une messe aura lieu à la cathédrale Saint-Paul de Londres. Très impopulaires au Royaume-Uni, le  prince Harry et sa femme Meghan, installés depuis deux ans en Californie, devraient y assister, tout comme le prince Andrew, qui a payé de millions de dollars pour mettre fin à une plainte pour agressions sexuelles.

Samedi, la reine était attendue à la 243e édition du prestigieux Derby d’Epsom, mais selon la presse, il est improbable qu’elle fasse le déplacement pour ces courses hippiques.

Un grand concert suivra à Buckingham Palace en soirée, avec quelque 22.000 personnes, et parmi les têtes d’affiche Alicia Keys, Queen + Adam Lambert, Diana Ross et Andrea Bocelli. Charles et William y rendront hommage à leur mère et grand-mère qui devrait regarder le concert à la télévision.

Dimanche, des millions de Britanniques participeront à des milliers de déjeuners de quartier et fêtes de rues en l’honneur de la reine, parenthèse joyeuse pour oublier brièvement l’inflation galopante et les scandales politiques à répétition.

Les pubs ont été autorisés à fermer plus tard. Les ventes de vin pétillant, de Dubonnet (apéritif apprécié de la reine) et de gâteaux Victoria Sponge Cake ont déjà explosé.

Pour Robert Lacey, auteur de nombreux ouvrages sur la monarchie, “les fêtes locales sont aussi importantes que les cérémonies télévisées sur le Mall”, la grande artère qui mène au palais de Buckingham. “Elles sont l’exemple de comment la Grande-Bretagne se voit à travers la monarchie, en tant que véhicule de notre histoire, de nos traditions et de nos valeurs”, dit-il à l’AFP.

Les quatre jours de célébrations se termineront par une immense parade à Londres. Les 10.000 participants rendront hommage à une souveraine qui a traversé imperturbable les époques et les crises, symbole d’unité et dernière monarque planétaire, dont les Britanniques apprécient le sens du devoir et parfois l’humour. Un sondage pour The Sun la situait cette semaine à 91,7% d’opinions favorables, contre 67,5% pour le prince Charles avec lequel se prépare la succession.

Source: AFP