La ministre néerlandaise de la Défense a démissionné mardi après qu’un rapport eut dénoncé de “sérieux manquements” ayant conduit à la mort de deux Casques bleus néerlandais au Mali dans l’explosion accidentelle d’un mortier en 2016.
“Je suis responsable politiquement et je prends ma responsabilité”, a déclaré Jeanine Hennis au terme de plus de quatre heures de débat devant la chambre basse du parlement. “J’arrête comme ministre de la Défense”, a-t-elle ajouté, avant d’aller présenter sa démission au roi Willem-Alexander.
Deux soldats avaient été tués “sur le coup” lors d’un exercice en juillet 2016 et un troisième gravement blessé par des éclats de mortier à Kidal, au nord-ouest du Mali, quand un obus avait explosé de manière inopinée.
Dans son rapport officiel sur l’accident, le Bureau d’enquête pour la sécurité (OVV) a indiqué avoir découvert que les militaires utilisaient des stocks de vieux obus achetés en 2006 “dans l’urgence avec l’aide du département américain de la défense”.
L’obus présentait des “zones fragiles dans sa conception: l’humidité peut ainsi y pénétrer”, d’après le rapport. Combinée à la chaleur, l’humidité a rendu ces “substances explosives très instables et sensibles aux chocs”.
Même si l’obus a été chargé correctement ce jour-là, il a explosé alors qu’il descendait dans le mortier, et non au moment du tir, ont souligné les enquêteurs.
“A plusieurs reprises, les risques de sécurité n’ont pas été suffisamment reconnus ou mesurés (et) des actions et non-actions humaines ont ensemble formé le contexte d’événements tragiques”, a affirmé Mme Hennis. “C’est inacceptable.”
Le commandant des forces armées, Tom Middendorp, a également décidé de quitter ses fonctions, a-t-elle précisé: “C’est sa décision et uniquement sa décision”.
Jeanine Hennis, l’un des ministres les plus expérimentées de l’équipe du Premier ministre libéral Mark Rutte, démissionne à quelques jours de l’annonce attendue d’un nouveau gouvernement dans lequel elle était pressentie pour jouer un rôle central.
Les Pays-Bas participent depuis avril 2014 à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), une participation qui vient d’être prolongée en septembre par le gouvernement jusque fin 2018.
La Minusma a été déployée en juillet 2013, dans la foulée d’une intervention militaire internationale contre des groupes jihadistes, déclenchée en janvier 2013 à l’initiative de la France.
De toutes les missions de paix de l’ONU en cours, la Minusma est celle qui connaît le plus fort taux de mortalité par rapport à ses effectifs, avec 80 Casques bleus décédés.